
Entre lin, lumière et liberté

Le style Jacquemus, c'est un peu comme un été en Provence : lumineux, sensuel, et toujours un brin nostalgique. Loin des tendances éphémères, Jacquemus raconte une histoire. Et pas n'importe laquelle : celle d'un gamin du Sud qui, au lieu de faire des châteaux de sable, rêvait déjà de faire des jupes (à 7 ans, s'il vous plaît). Chaque pièce est une lettre d'amour au soleil, à sa mère, à sa Provence, et au plaisir d'être bien dans ses vêtements comme dans sa vie.

Chez Jacquemus, les lignes sont franches, les coupes nettes. Mais toujours avec un détail inattendu : une manche qui s'échappe, une asymétrie légère, un volume qui trouble l'équilibre. Le vêtement devient presque un jeu d'équilibriste.
Les couleurs rappellent la Provence, la Méditerranée, les champs de lavande et les couchers de soleil. On retrouve des tons naturels, des blancs éclatants, des jaunes, des bleus et des roses.
Lin, coton, paille, raphia... les tissus choisis par Jacquemus racontent
une authenticité rurale, un lien à la terre et aux saisons. Rien d'ostentatoire, mais une véritable attention à la matière, à sa texture, à son mouvement.
Il y a chez Jacquemus un goût évident pour le décalage. Des sacs minuscules à peine plus grands qu'un porte-clé, des chapeaux immenses défiant les lois de la gravité... Ces excès assumés n'ont rien de gratuit : ils interrogent, amusent et signent l'identité de la maison.

La figure maternelle est omniprésente dans l'œuvre de Simon. Valérie, sa mère disparue alors qu'il n'avait que 19 ans, est à l'origine de tout. C'est pour elle qu'il a commencé à créer. C'est son nom de jeune fille qu'il donne à sa marque. Elle incarne, pour lui, la joie simple, la force silencieuse, et cette élégance instinctive que l'on retrouve dans chaque collection.
La Provence n'est pas un décor de fond chez Jacquemus. Elle est le cœur battant de son univers. Il y a dans ses créations l'odeur du marché du matin, la chaleur des pierres sous les pieds, le bruit des cigales l'après-midi. Un Sud qui ne se résume pas à une image, mais à une sensation vécue, presque charnelle.
Ses défilés sont des hommages à ces paysages. Des champs de blé aux collines de lavande, ils deviennent des tableaux vivants où l'on défile au rythme du vent.
Simon évoque souvent ses influences artistiques : David Hockney pour sa vision colorée, Christo et Jeanne-Claude pour leur poésie monumentale, mais aussi
le cinéma français, notamment celui des années 60-70, où la légèreté cache parfois une profondeur inattendue. Il imagine ses défilés comme des scènes de film : chaque silhouette devient un personnage, chaque tenue une émotion.
En somme, porter du Jacquemus, c'est un peu comme prolonger l'été, même en plein hiver. C'est revendiquer la simplicité comme une force, la douceur comme une audace, et le style comme un geste d'amour discret.